Interaction entre la Croissance Urbaine et la Mobilité « La Structuration de la Périphérie-Est de Kinshasa par la mobilité Collective : Les nœuds comme lieux de Fabrication de la ville »
La ville de Kinshasa à l’image d’autres villes de l’Afrique centrale, est caractérisée par une urbanisation débridée qui échappe au contrôle ou à la planification des autorités étatiques. Elle a une trame viaire d’apparence isotrope et non organisée. L’observation montre une autre réalité, dans la mesure où dans les périphéries de Kinshasa, cette urbanisation s’organise autour d’une proto-structure formée par un réseau de mobilité collective. Ce réseau de mobilité collective est composé de trois éléments : l’axe principal la route nationale numéro un (RN1) , les voies secondaires et les nœuds de mobilité. La RN1 est le cordon ombilical qui traverse et structure toute la ville.
La thèse analyse et décrit les questions de la structuration d’un tissu urbain spontané, posées par le réseau de mobilité collective et l’émergence des nœuds de mobilité comme des polarités et pose l’hypothèse des supports d’appui d’une politique de mobilité alternative à Kinshasa-Est. Des polarités qui se fabriquent avec le concours et la participation des divers acteurs urbains et locaux. Elle se focalise à décrire l’émergence du réseau de mobilité collective et les pôles urbains de services et d’échanges dans les quartiers les plus peuplés de la capitale congolaise (N’djili, Masina et Kimbanseke). Des quartiers qui se développent sans planification institutionnelle dans la partie-Est de la ville de Kinshasa, et les nœuds de mobilité qui se développent le long de l’axe de mobilité collective, la route nationale numéro un (RN1) le boulevard Lumumba et les voies secondaires. Le boulevard Lumumba est la seule voie qui relie la partie-Est de Kinshasa et les restes de la ville. Tous les flux de mobilité qui partent de Kinshasa pour l’aéroport international de N’djili et l’Ex-province du Bandundu ainsi que les flux qui partent des voies secondaires à l’intérieur du tissu transitent par ce boulevard. Les nœuds de mobilité qui se développement sur cet axe de mobilité collective, sont des lieux d’attraction, des polarités émergentes et des lieux d’augmentation de la valeur foncière. Ils émergent comme des polarités naissantes dans un tissu urbain spontané. Il y a des dynamiques spatiales mouvantes qui sont observées autours de ces nœuds. Autour de ces nœuds, on observe une transformation continue de la typologie de l’habitat, du plein pied à en hauteur. Les parcelles changent d’usage, du résidentielle à la fonction mixte (logement et commerce) voire à des parcelles commerciales. Les équipements collectifs, les commerces formels et informels prennent de l’ampleur autour de ces nœuds de mobilité. Ils sont aussi des lieux qui servent comme des espaces d’immobilités dans le territoire. Ils permettent à la population des quartiers situés dans les périphéries de Kinshasa de se déplacer peu hors du territoire.
L’analyse fine des trois cas d’études, les nœuds Marché de la Liberté, Sainte Thérèse et Marché Ngandu, sont des exemples typiques qui illustrent bien ces réalités, qui apparaissent commun à la plupart des villes africaines nées de la colonisation.
Sur base des réflexions menées sur les questions soulevées, la recherche préconise comme apport majeur pour le cas de la ville de Kinshasa et d’autres villes africaines qui ont les mêmes caractéristiques que Kinshasa, d’agir sur la structure urbaine en s’appuyant sur les nœuds de mobilité. Car, la problématique principale des villes africaines, est sa forme et sa structure urbaine mono polaire qui n’est pas repensée, ni adaptés aux réalités actuelles de croissance spatiale et démographique rapide de ces villes et diverses formes de mobilités que cette croissance urbaine génère.